Thomas Chaillou
Recherche au Kentucky (USA) et à Stockholm (Suède)
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Résumé de mon activité de recherche
A la suite de mon doctorat (soutenance en Décembre 2011), j’ai décidé de partir à l’étranger pour développer mon expertise scientifique et découvrir une nouvelle culture. Mon premier choix était les USA. Après avoir contacté différents laboratoires, j’ai finalement trouvé un laboratoire pour m’accueillir et me financer. J’ai alors intégré un laboratoire de recherche de l’université de Kentucky (Lexington) et dirigé par Pr Esser. Durant deux années (mai 2012 à mai 2014), je me suis intéressé aux mécanismes moléculaires et cellulaires impliquées dans le contrôle de la masse du muscle squelettique. Plus précisément, un de mes projets a consisté à étudier l’adaptation du transcriptome au cours de l’hypertrophie musculaire et de la récupération de la masse musculaire après atrophie musculaire. J’ai pu identifier certains acteurs moléculaires qui semblent être essentiels au contrôle de la masse musculaire. Mon second projet de recherche s’est intéressé à une protéine constitutive du ribosome, un complexe ribonucléoprotéique essentiel à la traduction protéique. De manière intéressante, l’expression de cette protéine (RPL3L) est fortement réduite au cours de l’hypertrophie musculaire et la surexpression de cette protéine réduit la croissance des myotubes in vitro. Ces résultats suggèrent que RPL3L pourrait influencer la fonction du ribosome et agir comme un répresseur de la masse musculaire.
Figure mettant en évidence que la surexpression de la protéine
ribosomale RPL3L réduit la croissance des myotubes.
Photo du personnel de mon laboratoire de l’université du Kentucky.
Du fait de mon éloignement géographique et pour raisons personnelles, j’ai souhaité revenir en Europe et j’ai intégré le département de Physiologie et Pharmacologie du Karolinska Institute à Stockholm (Suède) en septembre 2014 (l'équipe est présentée sur la première photo de cet article). Mon laboratoire actuel travaille sur les troubles de la fonction musculaires associés à certaines pathologies telles que le cancer du sein, le diabète ou l’arthrite rhumatoïde. Leurs récents résultats montrent que la production excessive de ROS (reactive oxygen species) et RNS (reactive nitrogen species) ainsi que la dysrégulation du calcium cytosolique et mitochondrial sont impliquées dans les troubles de la fonction musculaire. Je suis impliqué dans un projet de recherche dont l’objectif est de montrer que l’activité physique est bénéfique pour réduire la faiblesse musculaire associée au cancer du sein. Pour cela, je travaille sur des souris transgéniques qui développent un cancer du sein et nous collaborons avec des médecins qui proposent un programme d’entraînement physique à des patientes atteintes du cancer du sein. Mes résultats obtenus dans le modèle murin montrent que l’activité physique est capable d’empêcher la perte de force musculaire observée dans cette pathologie.
Figure mettant en évidence une augmentation de la nitration
(modification post-traductionnelle induite par les RNS)
du récepteur à la ryanodine RyR1 (canal calcique) dans le muscle squelettique
de souris atteintes d’arthrite rhumatoïde. D’après Yamada et al., 2014.
Bilan de mon expérience à l’étranger
J’ai toujours souhaité partir à l’étranger pour enrichir mon expérience professionnelle et découvrir une nouvelle culture. Le premier obstacle auquel je me suis trouvé confronté fut la recherche d’un financement. Lorsque j’ai commencé à démarcher des laboratoires, j’ai pu me rendre compte que la plupart d’entre eux sont intéressés mais n’ont la plupart du temps pas de financements à proposer (ou disent ne pas en avoir…). Donc si je peux donner un conseil, il est essentiel de commencer les démarches de demandes de financement longtemps en avance. J’ai beaucoup appris de mon premier post-doc aux USA, que cela soit d’un point de vue scientifique ou personnel, mais cela n’a pas été facile tous les jours. Il m’a fallu un certain temps pour m’acclimater à mon nouvel environnement de recherche. La pression est assez importante car la majeure partie des financements provient de fonds externes et les responsables de laboratoire passent la plus grosse partie du temps à chercher de l’argent. Il est donc nécessaire de générer des résultats assez rapidement et de publier. Pour ma part, il a été également assez difficile de trouver les bonnes personnes pour m’enseigner les techniques expérimentales car les personnes travaillaient d’une manière assez individualiste et il y a très peu de techniciens dans les laboratoires. Ce que j’ai le plus apprécié dans cet environnement est la rapidité et la réactivité. Tout va vite, par exemple si l’on commande un produit pour réaliser ses expérimentations, il arrive le lendemain ou au maximum quelques jours plus tard. Cela change beaucoup de la lenteur administrative à la Française… En dehors du laboratoire, il est important de trouver des activités afin de se détendre et de voir d’autres choses. J’ai pu me faire quelques amis américains et cela m’a permis de découvrir plus facilement la culture américaine. Par exemple, savoir comment ils célèbrent Thanksgiving, quels types de bières ils boivent pour le Superbowl., etc. Par contre, je n’ai toujours pas compris comment apprécier la cuisine américaine. Je pense que je pourrais écrire un livre contenant toutes les anecdotes de mon séjour aux USA.
Après cette expérience américaine, j’ai fait le choix de partir en Suède au Karolinsla Institute. L’environnement scientifique est très stimulant dans ce centre de recherche et la culture scientifique est bien différente de ce que j’ai pu voir aux USA. De manière générale, je dirais que les Suédois sont bien organisés, sont très ponctuels et adorent organiser des meetings (les non-Suédois aiment se moquer de leur habileté à organiser des meetings tout le temps). J’ai également le sentiment qu’ils sont très politiquement corrects et essaient d’éviter les conflits. Le gros point négatif dans ce centre de recherche concerne le financement proposé aux post-docs. Ce centre de recherche est très prestigieux en Suède, et cette notoriété lui permet de financer les post-docs avec des scholarships, des bourses de recherche exemptées de charges sociales et donc sans cotisations pour la retraite et sans aides sociales en cas de chômage. Le montant de la bourse est par ailleurs assez faible au regard du prix de la vie. Dès mon arrivée dans ce centre de recherche, j’ai écrit des projets de recherche afin de trouver mon propre financement. J’ai pu obtenir un financement de recherche qui me permet désormais de vivre de manière plus sereine. La vie à Stockholm est assez agréable si l’on ne tient pas compte de l’hiver très long et de la faible durée du jour durant l’hiver. La ville est très jolie et possède de nombreux musées, il est facile de se déplacer en transport en commun et la ville est très bien équipée en termes de pistes cyclables. Par ailleurs, on est très proche de la nature et la ville comporte de très nombreux parcs.
Mise à jour le 18 février 2015