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Direction : Cécile Collinet

Résumé : 

Les dispositifs du Savoir Rouler à Vélo (SRAV, 2018) et des 30 minutes d’Activité Physique Quotidienne (30APQ, 2021) poursuivent un enjeu commun : lutter contre l’inactivité physique et la sédentarité des enfants, notamment en contexte scolaire. L’école en mouvement est donc celle de la mise à l’activité physique des élèves. Mais le mouvement caractérise aussi cette école qui se réforme par petites touches au travers des « dispositifs », dont l’usage du terme témoigne d’un « nouvel âge de l’organisation scolaire » (Barrère, 2013). Nous tentons de plonger au cœur de la fabrique et du déploiement de ces deux dispositifs, afin d’appréhender les évolutions de l’action publique éducative dont ils témoignent. 

Historiquement, la sociologie de l’école est d’abord une sociologie de la démocratisation et de la reproduction sociale. Au début du siècle, l’objet éducation peine à être considéré par la science politique, et la sociologie de l’éducation traite peu des questions des politiques éducatives. De plus en plus de travaux défendent l’intérêt d’interroger la politique d’éducation en tant qu’élément fondamental de contextualisation des phénomènes sociaux en jeu dans l’école et autour d’elle (Rayou, 2015). Ce travail s’inscrit dans cette dynamique. En nous appuyant sur les cadres théoriques de la sociologie de l’action publique, nous illustrons depuis les dispositifs en lien avec la pratique physique et sportive à l’école, les évolutions des modèles de fabrique des politiques éducatives, et interrogeons leurs effets. L’ambition de saisir l’action publique en train de se faire, ainsi que le caractère éminemment actuel de notre objet, nous a amenée à adopter une méthodologie inductive. Depuis septembre 2021, nous avons réalisés 61 entretiens semi-directifs, principalement avec des acteurs intermédiaires des services ministériels de l’Éducation nationale et des sports, ainsi qu’avec des acteurs de terrain (professeur·es des écoles et intervenant·e vélo), et des acteurs politiques (ministères et Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques). Nous avons observé des comités de pilotage des dispositifs aux différents niveaux de l’action publique, des temps de formation, ainsi que des séances de SRAV en classe. L’analyse documentaire vient alimenter et illustrer les résultats issus de ces enquêtes. 

Après une première partie situant le cadre de notre recherche, depuis la construction de l’objet de recherche aux choix méthodologiques, la présentation de nos résultats s’articule en trois temps. Dans la deuxième partie, nous revenons sur le façonnage de la politique « sport à l’école » comme réponse à la mise à l’agenda du problème de sédentarité et d’inactivité physique des enfants. La fabrique des 30APQ comme pièce maitresse du projet héritage des Jeux Olympique et Paralympique (JOP) 2024 sera analysée plus finement encore. La troisième partie revient, alternativement, sur le déploiement de ces deux dispositifs. Pour les 30APQ, il s’agit d’interroger le processus d’appropriation de la mesure par le monde éducatif, en s’attardant sur sa réception par les acteurs intermédiaires de l’éducation nationale. Pour le SRAV, nous analysons les déclinaisons scalaires d’un dispositif à vocation partenariale, des ressorts de l’engagement des fédérations principalement impliquées, aux défis de l’interministérialité en passant par le rôle des collectivités territoriales. Dans la dernière partie, nous articulons l’ensemble de nos résultats pour illustrer et discuter le processus de sédimentation des modèles de fabrique des politiques éducatives théorisé par X. Pons (2024).

 

Finale MT180 Paris-Est Sup 2023