Perrine Dupin – Doctorante à Toulouse
STAPS (Sociologie) – En cours
Devenir et être matador de toros: ethnographie du « mundillo français »
Notre étude porte sur une analyse croisée entre les dispositions sociales favorables à l'engagement et au maintien dans la carrière de matador et les effets des dispositifs que sont les écoles taurines sur les élèves. D'une part il s'agira donc de comprendre quelles sont les socialisations primaires qui favorisent l'entrée dans une école taurine et d'autre part quels sont les facteurs sociologiques qui permettent aux apprentis matadors de rester, de réussir ou au contraire ne permettent pas la poursuite de la carrière entamée. Dans ce deuxième point il sera judicieux d'analyser les effets des socialisations au sein des dispositifs que sont les écoles taurines sur les différents profils d'élèves qui y évoluent.
L'objectif est de comprendre comment les écoles taurines peuvent former des enfants, adolescents - et notamment former leurs corps - en vue de leur intégration professionnelle dans le monde de la corrida Espagnole. Si nous nous intéressons particulièrement à l'aspect professionnel de ces carrières, il semble nécessaire de comprendre qu'un nombre extrêmement restreint d'élèves parviennent à devenir matador de toros. De plus, tous les élèves n'ont pas l'intention de faire une carrière professionnelle, certains pratiquent la corrida comme un loisir. Aussi, pour le plus grand nombre, ces écoles se donnent pour objectif de former des amateurs/pratiquants (aficionados practicos) de sorte à transmettre la culture taurine aux nouvelles générations.
Il s'agira de répondre aux questions : Qui sont les élèves des différentes écoles taurines? Quels sont ceux qui parviennent à devenir matador? Quels sont ceux qui parviennent à devenir des figuras (stars de la tauromachie)? Quels sont ceux qui abandonnent?
Aussi, nous nous interrogerons sur la manière dont les écoles s'y prennent pour former ces matadors. Nous pensons ici qu'il existe une diversité des modalités de sélection, de modèles pédagogiques à l'œuvre selon les écoles taurines. Nous chercherons à comprendre la manière dont les écoles sélectionnent et façonnent progressivement les élèves par l'usage de la discipline. Ici le rapport à la discipline sera étudié dans une école de formation à la fois de professionnels et d'amateurs, conduisant pour certains, à un emploi considéré à la fois comme un métier et comme une passion. Cette étude s'inscrit dans la lignée des travaux sur les formations aux métiers passions, tels que le football professionnel (BERTRAND 2009), la course de fond et demi-fond (SCHOTTE 2005) ou encore la danse (SORIGNET 2004).
Enfin, nous nous intéresserons à la manière dont les élèves s'accommodent de cette discipline et y réagissent au quotidien, selon leurs caractéristiques individuelles de classe, d'âge et de sexe.
Mise à jour le 30 octobre 2014